Compte-rendu EHSF – 2023
RESO vous propose un compte-rendu de la 12ème conférence sur l’hidradénite suppurée qui s’est déroulée du 8 au 10 février 2023.
RESO vous propose un compte-rendu de la 12ème conférence sur l’hidradénite suppurée qui s’est déroulée du 8 au 10 février 2023.
Il est établi que le risque de maladie intestinale chronique inflammatoire est augmenté dans l’hidradénite suppurée mais peu d’études ont évalué les facteurs prédictifs de maladie intestinale chronique inflammatoire chez les patients atteints d’hidradénite suppurée.
L’objectif de cette étude était d’évaluer la prévalence des maladies intestinales chroniques inflammatoires chez les patients du registre allemand HS BEST et d’identifier d’évaluer d’éventuels facteurs prédictifs. L’analyse a porté sur les 568 patients du registre HS BEST, les paramètres suivants ont été étudiés : l’âge, le sexe, BMI (body mass index), le stade selon Hurley, le HS PGA, l’existence de fistules, les localisations des lésions, l’existence d’autres maladies inflammatoires chroniques, les antibiothérapies préalables ( ainsi que leur survie à 4 et 12 semaines le cas échéant).
Les caractéristiques des 568 patients étaient les suivantes : 55,9% de femmes, âge moyen 38,3 ans, BMI moyen 29,6kg/m2, HS PGA moyen 2.02. Les localisations des lésions étaient les suivantes : visage et/ou cuir chevelu (8,9%), thoracique ou axillaire (46%), plis inguinaux (52,3%), zone génitale (29,5%) et atteinte glutéal ou péri-anale (13,8%).
Un quart des patients avaient au moins une autre comorbidité inflammatoire, 3% deux comorbidités et 1% 3 comorbidités.
La prévalence des maladies intestinales chroniques inflammatoires était de 3,9% dont 2,6% de maladie de chronique et 1,2% de rectocolite hémorragique.
Les facteurs prédictifs de MICI étaient : le sexe féminin, et un nombre élevé de comorbidités inflammatoires (p<0,05) ainsi que les lésions axillaires et thoraciques.
L’âge, le BMI, la sévérité selon Hurley ou le HS PGA, la présence de fistules, les localisations péri-anales n’étaient pas associés aux maladies intestinales chronique inflammatoire.
Les antibiotiques étaient prescrits moins fréquemment chez les patients présentant une maladie intestinale chronique inflammatoire, mais leur survie à 4 et 12 semaines, le cas échéant, était comparable aux patients non atteints de maladies intestinales chroniques inflammatoires.
Ces données illustrent la fréquence plus élevée de maladies intestinales chroniques inflammatoires chez les patients atteints d’hidradénite suppurée en comparaison à la population générale allemande et ont identifiés le sexe féminin, l’existence d’autres comorbidités inflammatoires ainsi que des localisations thoraciques et axillaires aux maladies intestinales chroniques inflammatoires.
Kirsten N et al.
L’équipe du Martorell a proposé en 2020 une classification basée sur les lésions élémentaires :
Les auteurs ont également mis en évidence que certains patients avec une forme folliculaire évoluaient sur un mode plus agressif.
Une étude sur 124 patients avec une forme folliculaire suivi sur une période de 5 ans a mis en évidence une forme progressive pour 24 cas. Le temps médian de progression était de 6,6 ans, il s’agit plus fréquemment d’hommes (3 :1). Un facteur favorisant probable était un tabagisme >10 cig/jour pendant > 5 ans et un BMI>30. Cela a abouti à la description d’un 3e phénotype.
Le délai diagnostique moyen varie de 7 à 10 ans, alors que dans l’hidradénite suppurée, il y a une fenêtre d’opportunité thérapeutique où le contrôle de l’inflammation est possible évitant l’approche chirurgicale.
Différentes classifications des phénotypes de l’hidradénite suppurée ont été proposés par Canoui Poitrine, van der Zee et Jemec, Thorlacius, Cazzangla, Gonzalez-Manso…
Facteur de risque de progression : tabagisme, obésité, régime alimentaire.
En 2023 les auteurs ont prévu une analyse de corrélation phénotype/génotype pour cette population.
Martorell A at al.
Auteurs : Dr Anne-Claire Fougerousse, Dermatologue, praticien hospitalier Hôpital Bégin Saint Mandé (94) et Dr Pierre-André Becherel, dermatologue à l’hôpital privé d’Antony (92)
Il existe de nombreuses recommandations sur l’antibiothérapie dans la prise ne charge de l’hidradénite suppurée, mais elles sont globalement les mêmes: pour les formes légères à modérée: cyclines; pour les formes modérées à sévères association rifampicine et clindamycine. Mais le niveau de preuve scientifique est faible (séries de cas, étude ouvertes…) et on ne sait pas exactement comment les traitements antibiotiques fonctionnent: effet anti inflammatoire, antibactérien, ni quel antibiotique fonctionne en cas de combinaison d’antibiotiques.
L’étude de Join Lambert en 2014 a mis en évidence qu’en cas d’utilisation de rifampicine et de clindamycine, on observait une diminution rapide de 82 à 93% du taux sanguin de clindamycine du fait de l’effet inducteur enzymatique de la rifampicine.
Une étude européenne a évalué la tolérance et l’efficacité à la semaine 12 des tétracyclines et de l’association clindamycine-rifampicine dans une étude multicentrique ayant inclus 283 patients atteints d’hidradénite suppurée (180 dans le bras tétracyclines et 103 dans le bras clindamycine et rifampicine).
Il existait une amélioration significative des scores IHS4 entre baseline et la semaine 12 pour les 2 traitements, mais pas de différence entre les 2 stratégies d’antibiotique pour le HiSCR à la semaine 12, quelle que soit la sévérité de l’hidradénite suppurée (mesurée selon la classification de Hurley ou le score IHS4). Il n’y avait pas de différence concernant la qualité de vie ou la tolérance.
Une étude rétrospective a évalué la clindamycine à 300mg deux fois par jour chez 31 patients atteints d’hidradénite suppurée (Hurley 1: 42%, Hurley 2 48% Hurley III 10%). Entre l’inclusion et l’évaluation à la semaine 12, il existait une amélioration significative du score IHS4 et de l’EVA douleur.
Une autre étude a évalué de façon rétrospective la clindamycine en monothérapie (150 mg 4 fois par jour n=30) et l’association clindamycine (150 mg 4 fois par jour) et rifampicine 300 mg 2 fois par jour (n=30).
Il n’y avait pas différence entre les 2 groupes à la semaine 8 concernant le HiSCR, cependant l’efficacité était meilleure avec l’association clindamycine et rifampicine que la clindamycine seule pour les maladies avec une sévérité Hurley 3 (pas de différence pour Hurley 1 et 2)
On pourrait proposer une modification des recommandations concernant l’antibiothérapie dans l’hidradénite suppurée
Van Straalen K. R
Le registre HS BET est un registre allemand, multicentrique, débuté en 2020, analysant de multiples variables (démographiques, comorbidités, traitements, évolution de la maladie), dont l’objectif est d‘évaluer les caractéristiques des patients, l’efficacité et la tolérance des traitements en vraie vie.
Cette étude a été menée sur les patients inclus dans le centre d’Hambourg (plus de 700 en date de février 2023).
En 2021, la politique de prise en charge a imposé dans ce centre le switch d’adalimumab princeps vers le biosimilaire ABP 501 pour des raisons économiques.
Les auteurs ont donc voulu évaluer si ce switch avait une influence sur l’évolution de la maladie.
Tous les patients avaient reçu au moins 16 semaines de traitement avec l’adalimumab princeps (durée médiane 18 mois) avant le switch. 94 étaient inclus, 63 ne présentaient pas d’effet secondaire ou de perte de réponse. 31 patients perdaient la réponse ou présentaient un effet secondaire, il s’agissait de ceux qui avaient présenté une très bonne réponse sous adalimumab princeps (selon le score IHS4).
Le switch adalimumab princeps vers le biosimilaire ABP 501 avait été évalué dans le psoriasis, la polyarthrite rhumatoïde et les maladies inflammatoires digestives intestinales dans des essais cliniques sans différence d’efficacité et de tolérance par rapport au princeps.
Cependant plusieurs articles ont illustré une perte d’efficacité en cas de switch d’adalimumab princeps vers un biosimilaire chez les patients atteints d’hidradénite suppurée en vraie vie.
Le switch de patients qui ont un bon résultat sous adalimumab princeps pour un biosimilaire doit se faire prudemment. Ces données méritent d’être confirmées par des étude de plus grand effectif, en aveugle, avec un groupe comparateur.
Ohm F. et al.
L’orismilast est un inhibiteur de la phosphodiesterase 4, les auteurs ont voulu évaluer son efficacité dans l’hidradénite suppurée modérée à sévère.
Ils mènent une étude preuve de concept, de phase 2a, monocentrique, ouverte avec un seul bras. Vingt patients avec une hidradénite suppurée modérée à sévère sont traités par orismilast pendant 112 jours. La posologie de l’orismilast était augmentée de 10 à un maximum de 40 mg deux fois par jour.
Le critère d’évaluation principal était le pourcentage d’amélioration du nombre de lésions inflammatoires (nodules et abcès) à 112 jours. Vingt patients ont reçu au moins une dose d’orismilast. Leurs caractéristiques étaient les suivantes: 65% de femmes, âge médian 43 ans (22 à 58 ans). 14 patients ont complété l’étude, dont 7 ont interrompu prématurément l’étude, 7 ont completé la période de 112 jours. Six patients sont en cours de traitement (durée moyenne: 52 jours).
Parmi les 7 patients ayant complété l’étude, 1 avait une diminution de 100% du nombre de lésions inflammatoires, 5 avaient une diminution d’au moins 50% du nombre de lésions inflammatoires et 1 une augmentation. Parmi les 7 ayant interrompu prématurément l’étude, un avait une diminution de 100% des lésions inflammatoires, 1 une diminution de moins de 50%, 2 une augmentation et 3 aucune modification.
Les effets secondaires étaient ceux connus des inhibiteurs de la phosphodiestérase 4 et étaient légers à modérés, ils concernaient 2 patients.
Ces données préliminaires illustrent un potentiel de cette molécule dans l’hidradénite suppurée.
Goetzsche Frederiksen C et al.
SUNSHINE et SUNRISE sont 2 essais cliniques randomisés versus placebo (PBO), évaluant à court terme (jusqu’à S 16) et à long terme (jusqu’à S 52) l’efficacité et la tolérance du secukinumab chez les patients adultes atteints d’hidradénite suppurée modérée à sévère.
Les patients ont été randomisés 1 :1 :1 pour recevoir secukinumab toutes les 2 semaines, secukinumab toutes les 4 semaines ou un placebo jusqu’à la semaine 16. Ensuite les patients du bars placebo étaient randomisés 1 :1 pour recevoir secukinumab toutes les 2 ou toutes les 4 semaines jusqu’à la semaine 52.
Le critère principal d’évaluation était le HiSCR à la semaine 16 ( diminution d’au moins 50% du nombre d’abcès et de nodules sans augmentation du nombre de fistules), les critères secondaires étaient le DLQI (diminution d’au moins 5 points/baseline), le score de douleur NRS 30 (diminution de 30 % de l’EVA avec au moins diminution de 2 points/ EVA baseline) … jusqu’à la semaine 52,
1084 patients étaient inclus dans ces deux études. Les deux schémas posologiques de secukinumab ont donné lieu à une proportion plus élevée de patients ayant obtenu une réponse HiSCR par rapport au PBO à la semaine 16 (secukinumab toutes les 2 semaines : 43,7%; secukinumab toutes les 4 semaines 43.9%, placebo 32,4%. Ces résultats ont été maintenus avec une tendance à des améliorations supplémentaires observées à la semaine 52 (18% de patients n’étant pas entré dans la phase d’extension), résultats présentés en as observed (secukinumab toutes les 2 semaines 61%, secukinumab toutes les 4 semaines 59,2%).
La proportion de patients ayant obtenu une réponse DLQI à la semaine 16 était de 42,5% et de 47,1% dans les groupes secukinumab toutes les 2 semaines et toutes les 4 semaines, versus 30,7% dans le groupe placebo; ces résultats ont également été maintenus jusqu’à la semaine 52 ( secukinumab toutes les 2 semaines 53,3%; secukinumab toutes les 4 semaines 47,0%).
Le profil de tolérance du secukinumab était conforme à celui déjà connu dans les autres indications..
Les résultats du secukinumab dans l’hidardénite suppurée sont donc positifs à court et long terme. Aucune différence nette ne se dégage entre l’administration toutes les 2 ou toutes les 4 semaines.
Alavi A et al.