La pelade des cheveux

La pelade

La pelade est une maladie auto-immune, caractérisée par la chute des cheveux en plaques. Elle n’est pas contagieuse. L’impact sur la qualité de vie peut être très important, avec un retentissement important tant sur le plan personnel que social.

La prévalence globale de la pelade se situe entre 0,1 et 0,2 % , sans prédominance de genre. Elle concerne tous les âges mais les deux tiers des personnes atteintes sont âgés de moins de 30 ans.

La physiopathologie de la maladie est complétement élucidée, impliquant une dysrégulation immunitaire (activation de certaines cellules de l’immunité, les lymphocytes contre certains constituants des poils/ cheveux), chez des sujets parfois génétiquement prédisposés (certaines formes sont familiales).

0.1% à 0.2%

de la population mondiale touchée par la pelade

Certains patients rapportent le stress comme facteur déclencheur. A noter que la maladie elle-même est source de stress.

L’association à d’autres maladies auto- immunes est classique : Lupus érythémateux systémique , maladies de la thyroïde, Polyarthrite rhumatoïde, …

Le diagnostic

Le diagnostic reste clinique, ne nécessitant aucun examen complémentaire. Une biopsie peut être pratiquée par votre dermatologue, elle permet plutôt d’éliminer un diagnostic différentiel (autres causes d’alopécies, notamment cicatricielles).

Un bilan peut être demandé pour rechercher une maladie auto-immune associée, notamment une thyroïdite.

Sur le plan clinique on observe des plaques alopéciques (sans cheveux), avec une peu en regard normale, souple (pas d’atrophie ni d’infiltration). La taille, le nombre des plaques et leur localisation est variable. Le cuir chevelu est la localisation la plus classique. Les cils, les sourcils, la barbe peuvent également être concernés.

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Les ongles peuvent être atteints : Onychopathie peladique dans 7 à 66% des cas. Les ponctuations en dé à coudre et la trachyonychie (surface irrégulière des ongles) sont les présentations cliniques les plus communes

Le patient ne rapporte de signes fonctionnels associés : pas de prurit (démangeaisons), douleurs.

Bien qu’habituellement limitée, la pelade peut évoluer jusqu’à la perte complète des cheveux (pelade décalvante) voire atteindre l’ensemble des zones pileuses (pelade universelle).

L’évolution est imprévisible :

  • Repousse au bout de plusieurs mois le plus souvent
  • Extension des plaques
  • Récidives fréquentes
  • Formes chroniques et extensives.

Traitement

traitement-injection-pelade

Il n’existe pas à ce jour de traitement curatif de la pelade. La prise en charge n’est pas standardisée. Le choix du traitement dépend de l’étendue des lésions de leur localisation et du terrain du patient. Le traitement est souvent long (plusieurs mois). 

Pour les formes limitées, on proposera des corticoïdes locaux, des infiltrations de corticoïdes au niveau des plaques, du tacrolimus en topique, en association ou non au minoxidil solution ou irritants locaux.

Pour les formes plus étendues, un traitement par des ultra-violets (UV), immunothérapie de contact, des corticoïdes systémiques soit en bolus pou per os, des immunosuppresseurs (méthotrexate) étaient proposés.

La découverte de nouvelles voies de signalisation a élargi l’arsenal thérapeutique avec l’arrivée récente des inhibiteurs de la Janus Kinase (JAK) par voie systémique ou topique.

Actuellement deux molécules (anti Jak par voie orale) ont obtenu l’autorisation de mise sur le marché en France et sont remboursées dans cette indication:

  • Le baricitinib : indiqué dans la prise en charge de la pelade sévère l’adulte. L’autorisation de mise sur le marché (AMM) a été étendue à cette indication en juin 2022 (données vidal). 
  • Le ritlécitinib : indiqué dans la prise en charge de la pelade sévère de l’adolescent âgés de 12 ans et plus. L’autorisation de mise sur le marché (AMM) dans la pelade en mars 2024 (données HAS).  Ce traitement peut-être prescrit par un dermatologue de ville depuis le 17 octobre 2024.

A noter que la prescription d’un jak Inhibiteur nécessite un bilan préalable et de suivi et il sera prescrit sur une ordonnance de médicament d’exception.

La balance bénéfice risque doit être discutée au cas par cas avec le dermatologue, car il s’agit de médicaments relativement récents.

Comme tout médicament, ces traitements font l’objet de contre-indications relatives ou absolues :

  • les patients âgés de 65 ans et plus ;
  • les patients ayant des antécédents de maladie cardiovasculaire athéroscléreuse ou d’autres facteurs de risque cardiovasculaires (fumeurs ou anciens fumeurs de longue durée) ;
  • les patients ayant des facteurs de risque de tumeur maligne (par exemple, une tumeur maligne actuelle ou des antécédents de tumeur maligne).

A noter qu’à court terme, les effets secondaires de ces molécules sont modérés. Les données actuelles sont insuffisantes concernant les effets secondaires à plus long terme, mais l’évaluation du rapport, balance bénéfice risque est suffisamment rassurant pour permettre aux autorités de santé d’autoriser la commercialisation de ces molécules.
Les anti JAK ont un effet suspensif et une rechute peut être observée dans les 8 à 16 semaines suivant l’arrêt du traitement.

De nouvelles molécules viendront au fur et à mesure enrichir l’arsenal thérapeutique comme le deuruxolitinib, un anti-JAK 1 et 2 per os (par voie orale/ la bouche).

Une prise en charge psychologique peut être proposée en concertation avec le patient, notamment avec des associations de patients.

Dans certaines situations le camouflage constitue à ce jour la seule alternative :

  • Une prothèse capillaire (perruque ou postiche), peut être proposée aux patients.
  • Tatouage des sourcils ou du bord libre des paupières, en particulier chez les femmes. 

Le pronostic est par ailleurs variable d’un patient à l’autre.

Il a été en effet noté un moins bon pronostic lors :

  • d’un premier épisode étendu dans l’enfance,
  • de l’association à certains troubles dysimmunitaires (maladie auto-immune de la thyroïde, vitiligo),
  • de certaines atteintes des ongles ,
  • de l’ancienneté de la pelade.

Références

-Mirzoyev S.A., Schrum A.G., Davis M.D., Torgerson R.R.: Lifetime incidence risk of alopecia areata estimated at 2.1% by Rochester Epidemiology Project, 1990-2009. J Invest Dermatol 2014; 134: pp. 1141-1142.

-Gilhar A., Etzioni A., Paus R.: Alopecia areata. N Engl J Med 2012; 366: pp. 1515-1525.

-Sterkens A, Lambert J, Bervoets A. Alopecia areata: a review on diagnosis, immunological etiopathogenesis and treatment options. Clin Exp Med. 2021 May;21(2):215-230.

Auteur : Dr Ines ZARAA, Service de Dermatologie, Hôpital Saint Joseph Paris.

Mise à jour : 28/10/2024