Vaccinations chez les patients traités pour une maladie cutanée chronique inflammatoire

Psoriasis, Dermatite Atopique, Maladie de Verneuil, Urticaire chronique spontanée, Prurigo nodulaire.

Pourquoi est-il important d’être vacciné

lorsque l’on est atteint d’une maladie cutanée chronique inflammatoire ? [1]

Dans les maladies inflammatoires chroniques cutanées il existe une hyperactivité du système immunitaire qui est responsable des symptômes.

Le but du traitement est de diminuer cette hyperactivité du système immunitaire pour améliorer les symptômes.

Pas d’action sur le système immunitaire [2] Immunomodulateurs Immunosuppresseur
Acitrétine (Soriatane) 

Apremilast (Otezla) 

Méthotrexate (Méthotrexate, Imeth, Metoject, Nordimet) 

Biologiques :

  • antiTNF (Humira, Enbrel, Cimzia)
  • anti IL 17 (Cosentyx, Taltz, Kyntheum, Bimzelx)
  • anti IL 12/23 (Stelara),
  • anti IL 23 (Tremfya, Skyrizi, Ilumetri) 
  • anti IL 4/13 (Dupixent), anti IL 13 (Adtralza) 
  • Omalizumab (Xolair) 

JAK inhibiteurs (Olumiant, Rinvoq, Cibinqo)

Ciclosporine (Neoral) 

Un traitement immunomodulateur régule et réoriente la réponse immunitaire du patient, sans supprimer complètement l’activité du système immunitaire.

Un traitement immunosuppresseur supprime de manière plus globale et plus étendue l’activité du système immunitaire.

En diminuant le système immunitaire par un traitement, on risque de diminuer aussi les réponses immunitaires bénéfiques habituellement stimulées :

  • par les agents infectieux qui nous entourent. On augmente donc le risque d’infection et leur sévérité.

L’objectif est de trouver le bon équilibre entre une baisse du système immunitaire permettant de contrôler la maladie tout en minimisant l’altération de la réponse immunitaire contre les agents infectieux.

  • par la vaccination. La protection vaccinale risque donc d’être moindre, d’où l’intérêt dans l’idéal de se faire vacciner avant d’initier le traitement.

Le type d’infection dépend de l’intensité de la diminution du système immunitaire, qui dépend du traitement suivi.

Les infections les plus fréquentes sont les infections de la sphère ORL (rhinopharyngite, otite, sinusite), les infections cutanées (varicelle, zona) et les infections pulmonaires (pneumocoque, Haemophilus influenzae, grippe).

La vaccination permet de limiter les risques d’infections et leur sévérité.

Il existe deux grands types de vaccins dont les plus fréquents sont présentés dans le tableau ci-dessous :

  • Les vaccins non vivants (inactivés), de loin les plus nombreux ne contiennent pas d’agent infectieux vivant. Ils peuvent contenir un fragment de l’agent infectieux ou la totalité de l’agent infectieux qui est inactivé
  • Les vaccins vivants atténués sont constitués de germes (virus, bactérie) vivants qui ont été modifiés afin qu’ils perdent leur pouvoir infectieux.
Vaccins non vivants Vaccins vivants
DTP (Diphtérie, Tétanos, Poliomyélite) coqueluche

Grippe (voie injectable)

Pneumocoque

COVID-19

Haemophilus influenzae type b

Hépatite B

Zona Shingrix

Méningocoque

Papillomavirus

BCG

Grippe (voie nasale) : chez les <18ans, peu utilisé en France

Zona Zostavax

Varicelle

ROR (Rougeole, Oreillons, Rubéole)

Fièvre jaune

Monkeypox

Variole

Rotavirus

Il s’agit :

  • des vaccins du calendrier vaccinal en vigueur recommandés pour la population générale [5].
  • de plus, sont spécifiquement recommandées les vaccinations contre [5–7] :
    • Grippe saisonnière (annuelle) par le vaccin inactivé (voie injectable) dès sa mise à disposition
    • Pneumocoque
    • Covid-19 [8]
    • Rappel diphtérie-tétanos-poliomyélite tous les 10 ans (plutôt que tous les 20 ans).

Les vaccinations contre la grippe saisonnière et contre le pneumocoque peuvent être réalisées le même jour en deux points d’injection différents.

Quels sont les risques de la vaccination ?

La vaccination ne peut entraîner d’infection qu’à deux conditions :

  • que le sujet soit très immunodéprimé, y compris par un traitement immunosuppresseur 
  • que le vaccin administré soit un vaccin vivant

Par exemple le vaccin contre la grippe par voie injectable ne peut pas induire la grippe.

Le risque qu’une vaccination puisse déclencher une poussée de la maladie inflammatoire n’a jamais été confirmé. En revanche il est certain que le risque d’infection est réel, sachant par ailleurs que l’infection elle-même peut induire une poussée de la maladie (beaucoup plus que le vaccin lui-même).

Il est recommandé de vacciner plutôt pendant une phase quiescente de la maladie [5].

Après avoir été vacciné, aucun suivi particulier n’est recommandé. Toutefois, si un effet indésirable grave ou inattendu est observé, le médecin doit le déclarer aux services de pharmacovigilance (même s’il ne s’agit que d’une suspicion d’effet indésirable). [5]

Quand faut-il se faire vacciner ?

Il est recommandé d’être à jour dans ses vaccinations le plus tôt possible dans l’évolution de la maladie, idéalement dès le diagnostic, avant initiation du traitement. La mise à jour du calendrier vaccinal dépend du traitement envisagé et de s’il s’agit d’un vaccin non vivant ou vivant. (cf tableau en annexe)

Cela présente plusieurs avantages :

  • obtenir une meilleure réponse vaccinale.
  • les vaccins vivants atténués sont en général contre indiqués sous traitement et s’ils doivent être réalisés, nécessiteront un arrêt du traitement (durée qui dépend du traitement).

La mise à jour des vaccinations ne doit pas retarder l’initiation du traitement.

Il est classiquement recommandé de ne pas vacciner en pleine poussée d’une maladie inflammatoire.

Cependant, une poussée ne doit pas retarder une vaccination. Il ne faut pas attendre la fin de la poussée pour assurer une protection vaccinale notamment contre le pneumocoque et la grippe avant l’hiver.

Toutes les études réalisées montrent que la vaccination n’aggrave pas la poussée.

Pour la mise à jour du carnet vaccinal (hors vaccin anti-pneumococcique et vaccin antigrippal), il reste classiquement recommandé de vacciner en dehors d’une poussée (meilleure couverture vaccinale). Il s’agit d’un principe de précaution. On peut estimer qu’un délai de 3 mois après la mise en rémission d’une poussée est raisonnable.

Une fois sous traitement immunomodulateur, immunosuppresseur ou biothérapie avec effet immunosuppresseur comment se faire vacciner ?

Il est recommandé d’être à jour dans ses vaccinations le plus tôt possible dans l’évolution de la maladie, idéalement dès le diagnostic, avant initiation du traitement. La mise à jour du calendrier vaccinal dépend du traitement envisagé et de s’il s’agit d’un vaccin non vivant ou vivant. (cf tableau en annexe)

Cela présente plusieurs avantages :

  • obtenir une meilleure réponse vaccinale.
  • les vaccins vivants atténués sont en général contre indiqués sous traitement et s’ils doivent être réalisés, nécessiteront un arrêt du traitement (durée qui dépend du traitement).

La mise à jour des vaccinations ne doit pas retarder l’initiation du traitement.

Après une vaccination par un vaccin non vivant, il est possible de reprendre le traitement sans délai.

Dans le cas d’un traitement par methotrexate chez un patient dont la maladie est bien contrôlée, il a été montré qu’attendre 2 à 3 semaines avant de reprendre le methotrexate permet au système immunitaire de répondre dans les meilleures conditions au vaccin sans risque majeur de poussée [2,9]. Il est toutefois possible de maintenir le traitement en fonction des besoins du patient.

Après une vaccination par un vaccin vivant, il est recommandé d’attendre 2 à 4 semaines. [2]

Oui, il n’y a pas de contre-indication à administrer un vaccin inactivé le même jour qu’un traitement immunomodulateur, immunosuppresseur ou que l’administration d’une biothérapie. [1]

La vaccination de l’entourage de ces patients (adultes, enfants, petits-enfants), y compris du personnel soignant, est importante pour diminuer le risque de contage (= contamination) du patient sous traitement. En cas d’épidémie, la vaccination de l’entourage d’un patient est essentielle surtout lorsque le vaccin qui permet de prévenir l’infection est un vaccin vivant, car contre-indiqué pour le patient (exemple : épidémie de rougeole).

Les personnes de l’entourage proche d’un patient recevant un traitement immunosuppresseur doivent être à jour de leur vaccination contre la rougeole et la varicelle (si elles n’ont pas eu la maladie) et doivent être vaccinées contre la grippe et la Covid-19. Ainsi, elles ne transmettront pas l’infection à la personne traitée par immunosuppresseurs.[4]

Les vaccins vivants atténués doivent être évités au cours des six premiers mois de la vie chez les nouveau-nés de mères traitées avec des traitements biologiques au cours de la seconde moitié de la grossesse.

POINTS CLES

  • Certains traitements des maladies cutanées chroniques inflammatoires entraînent un risque plus élevé d’infection.
  • La vaccination permet de limiter le risque d’infection et leur sévérité.
  • La mise à jour du calendrier vaccinal est à envisager le plus tôt possible, dès le diagnostic, avant initiation d’un traitement.
  • En général, les vaccins vivants sont contre indiqués sous traitement.
  • Penser à la vaccination de l’entourage.
Vaccinations
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N’hésitez pas à poser les questions qui vous préoccupent à votre dermatologue.

Il vous indiquera ce qui est nécessaire dans votre cas particulier.

Auteur : Dr Diane Pourchot, dermatologue Saint Germain en Laye CHI Poissy

Date : 17/12/2024

Bibliographie

[1] vaccinations en 100 questions n.d.

[2] Chat VS, Ellebrecht CT, Kingston P, Bell S, Gondo G, Cordoro KM, et al. Vaccination Recommendations for Adults Receiving Biologics and Oral Therapies for Psoriasis and Psoriatic Arthritis: Delphi Consensus from the Medical Board of the National Psoriasis Foundation. J Am Acad Dermatol 2024:S0190-9622(24)00243-3. https://doi.org/10.1016/j.jaad.2023.12.070.

[3] Que faire avant d’initier les anti JAK ? n.d.

[4] vaccination info service n.d.

[5] Haut Conseil de la Santé Publique HCSP. Recommandations vaccinales spécifiques des personnes immunodéprimées ou aspléniques. 2014 Novembre n.d.

[6] Conduite à tenir en cas de vaccination sous anti IL 17 club rhumatismes et inflammations n.d.

[7]  Methotrexate, fiche pratique du club rhumatismes et inflammations n.d.

[8] Conseils aux patients atteints de psoriasis concernant la vaccination contre la Covid19 (SARS-COV-2) n.d.

[9] Park JK, Lee MA, Lee EY, Song YW, Choi Y, Winthrop KL, et al. Effect of methotrexate discontinuation on efficacy of seasonal influenza vaccination in patients with rheumatoid arthritis: a randomised clinical trial. Ann Rheum Dis 2017;76:1559–65. https://doi.org/10.1136/annrheumdis-2017-211128.

[10] Furer V, Rondaan C, Heijstek MW, Agmon-Levin N, van Assen S, Bijl M, et al. 2019 update of EULAR recommendations for vaccination in adult patients with autoimmune inflammatory rheumatic diseases. Ann Rheum Dis 2020;79:39–52. https://doi.org/10.1136/annrheumdis-2019-215882.

[11] Apremilast fiche info SFD n.d.