Les biothérapies et les JAK inhibiteurs dans la dermatite atopique

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Qu’est-ce que la dermatite atopique ?

La dermatite atopique est une dermatose inflammatoire chronique évoluant par poussées qui fait intervenir trois principaux mécanismes:

  • une dysfonction de la barrière cutanée
  • une perturbation de l’immunité avec une augmentation de l’inflammation
  • une altération du microbiome cutané (=microorganismes présents sur la peau).

Des facteurs de prédisposition génétique et environnementaux entrent fortement en jeu dans le développement d’une dermatite atopique.

La réactivité inhabituelle de la peau est le résultat de réactions en chaîne qui font intervenir différentes molécules, notamment des cytokines Th2 (parmi elles : interleukine 4 (IL-4), interleukine 13 (IL-13)) dont le rôle est fondamental dans le déclenchement et l’entretien de l’inflammation.

Ces cytokines transmettent leurs messages pro inflammatoires en activant la voie JAK (=Janus Kinases). Les JAK constituent un groupe de quatre enzymes (JAK1, JAK2, JAK3 et TYK2). Leur stimulation conduit à l’activation de protéines qui vont ensuite migrer dans le noyau des cellules entraînant la production d’autres protéines qui vont à leur tour activer les cellules de l’inflammation. [1,2]

L’objectif des traitements par biothérapies et anti JAK est de bloquer une ou plusieurs de ces molécules impliquées dans la cascade inflammatoire. Ainsi, les démangeaisons sont limitées et l’état de la peau s’améliore.

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Biothérapie : de quoi s’agit-il ?

Le terme de « biothérapie » désigne les médicaments issus des biotechnologies, c’est-à-dire produits par des bactéries ou des cellules animales (exemple : ADN, cellules, protéines, anticorps…).

Les biothérapies sont des traitements dits « ciblés ». Ils agissent à l’extérieur de la cellule, directement sur la cytokine cible ou son récepteur dont elle empêche l’action : la cascade inflammatoire est ainsi bloquée.

Dans le cas de la dermatite atopique, les biothérapies utilisées sont des anticorps monoclonaux humanisés qui vont cibler et neutraliser les principaux messagers de l’inflammation impliquées : l’interleukine 4 (IL-4) et/ou l’interleukine 13 (IL-13). Il en existe 3 :

  • dupilumab : cible l’IL-4 et l’IL-13
  • tralokinumab : cible l’IL-13
  • lebrikizumab (sera remboursé à partir de mai 2025) : cible l’IL-13

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Anti-JAK : de quoi s’agit-il ?

Les inhibiteurs de JAK sont des médicaments produits par la chimie (à la différence des biomédicaments) que l’on appelle « petites molécules ».

Les inhibiteurs de JAK sont capables d’inhiber les enzymes JAK, empêchant ainsi la transmission du signal intracellulaire des cytokines inflammatoires (dont IL-4, IL-13…) : la cascade inflammatoire est ainsi bloquée. Il en existe 3 :

  • baricitinib : inhibe JAK1 et JAK2
  • upadacitinib : inhibe JAK1
  • abrocitinib : inhibe JAK1

Biothérapie et JAK inhibiteurs : pour quels patients ? Comment ?

Ces médicaments sont réservés aux patients atteints de dermatite atopique sévère (très étendue et très intense) ayant résisté aux autres traitements disponibles et/ou lorsque ces traitements ont été mal tolérés ou sont contre indiqués. Les biothérapies et les anti JAK utilisés dans la dermatite atopique sont des immunomodulateurs.

Le choix entre l’un ou l’autre traitement est une décision partagée avec le patient en fonction de son âge, de ses préférences, de ses antécédents et maladies éventuellement associées, de la sévérité de la maladie, de l’impact de la maladie sur la qualité de vie, de l’évolution naturelle de la maladie et des bénéfices et risques attendus des traitements.