Quelle est l’évolution du psoriasis pendant la grossesse ?
Du fait des modulations de l’immunité lors de la grossesse, le psoriasis a tendance à s’améliorer ou à rester stable pendant la grossesse. Moins de 15% des patientes rapportent une aggravation. Dans le post-partum, on observe une poussée du psoriasis dans la moitié des cas.
Le psoriasis peut-il être transmis au bébé ?
Il existe un antécédent familial de psoriasis chez environ 1/3 des patients atteints. La fréquence du psoriasis chez les enfants serait autour de 30 % si l’un des parents est atteint et autour de 60 % lorsque les deux parents sont atteints. L’hérédité du psoriasis n’est pas liée à un seul gène mais à des gènes multiples dont les effets s’additionnent en association à des facteurs environnementaux.
Quel traitement peut-on prendre avant pendant la grossesse ? L’allaitement ?
Les patientes enceintes sont exclues des essais cliniques et il n’y a donc pas de données d’études dans cette population particulière.
- Les dermocorticoides peuvent être utilisés pendant toute la grossesse, mais pas les dérivés de la vitamine A (calcipotriol en particulier). La photothérapie UVB est également possible pendant la grossesse.
- Le méthotrexate et l’acitrétine sont contre indiqués durant la grossesse du fait d’effets secondaires (caractère mutagène, abortif et tératogène pour le méthotrexate et tératogène pour l’acitrétine).
L’acitrétine est un traitement non adapté à la femme en âge de procréer puisqu’il nécessite une contraception pendant toute la durée du traitement et les deux ans qui suivent son interruption. Une grossesse peut être débutée 24 heures après la dernière prise de méthotrexate. - La ciclosporine est maintenue lors des grossesses chez les patientes greffées d’organe avec un taux de malformation similaire à la population générale. Des cas de naissances prématurées et de petits poids de naissance ont été rapportés sous ciclosporine.
Il est recommandé de ne pas poursuivre les biothérapies pendant la grossesse car elles passent la barrière placentaire et sont donc retrouvées au niveau du sang du cordon. Il existe donc un risque théorique d’immunodépression du nouveau-né (surtout si les biothérapies sont poursuivies tout au long de la grossesse).
Cependant les données concernant des patients traitées par anti TNF (et avec un moindre effectif par ustekinumab) durant leur grossesse (majoritairement pour des indications rhumatologiques et gastro-entérologiques) sont rassurantes.
On ne dispose pas de donnée concernant l’utilisation des anti IL17 (secukinumab, ixekizumab et brodalumab) ou de l’apremilast dans cette situation. On propose en général aux femmes souhaitant débuter une grossesse de poursuivre la biothérapie jusqu’à ce que la grossesse soit confirmée. La décision de poursuivre ou non le traitement doit se faire au cas par cas avec le dermatologue et si nécessaire avec le gynécologue de la patiente.
Les recommandations américaines proposent en cas de psoriasis sévère durant la grossesse les anti TNF (le certolizumab pegol est préféré du fait de son faible passage transplacentaire) puis le secukinumab et l’ustekinumab (les données concernant les autres biothérapies étant limitées). La ciclosporine peut être utilisée si besoin mais avec la durée la plus courte possible.
Les biothérapies de type anti TNF sont compatibles avec l‘allaitement (passage infime), il n’existe pas de données pour les anti interleukines. L’allaitement est possible avec la ciclosporine, avec le méthotrexate si on respecte un délai de 24 h près la prise. L’allaitement est contre indiqué sous acitrétine.