Evolution de la dermatite atopique pendant la grossesse :
Certaines études rapportent une tendance à l’aggravation de la dermatite atopique au cours de la grossesse chez la moitié des patientes. Les données récentes d’une étude danoise ont mis en évidence une diminution de la consommation des traitements locaux et oraux de la dermatite atopique chez les patientes pendant la grossesse par rapport à la période qui précédait la grossesse. Cela n’est qu’une évaluation indirecte de l’évolution de la pathologie pendant la grossesse et peut aussi illustrer la crainte de l’utilisation de ces traitements pendant la grossesse par les patientes et les médecins.
Cette même étude a montré qu’il n’y avait pas de surrisque d’hypertension artérielle durant la grossesse ou de naissances prématurées pour les patientes atteintes de dermatite atopique.
Éruption atopique de la grossesse :
Définie en 2006, elle est caractérisée par la survenue avant le 3e trimestre, chez des patientes avec un terrain atopique personnel ou familial, d’une éruption prurigineuse.
Cette dermatose survient dans 80% des cas chez des patientes n’ayant jamais eu d’eczéma atopique auparavant. Elle est associée à un taux élevé d’IgE sanguines, et a tendance à récidiver lors des grossesses suivantes.
Il s’agit de la dermatose de la grossesse la plus fréquente. Elle se caractérise par une éruption eczématiforme et des lésions de grattage de type prurigo associées à un prurit intense. Les lésions touchent les zones habituellement atteintes par la dermatite atopique (plis des coudes/genoux, tête et cou et partie supérieure du thorax) mais également le dos et l’abdomen.
Traitement utilisables au cours de la grossesse
Les dermocorticoïdes et le tacrolimus topique sont utilisables tout au long de la grossesse.
La réalisation de photothérapie UVB TL01 et UVA1 est possible au cours de la grossesse quel que soit son terme.
La ciclosporine peut être utilisée, elle est maintenue lors des grossesses chez les patientes greffées d’organe avec un taux de malformation similaire à la population générale. Des cas de naissances prématurées et de petits poids de naissance ont été rapportés sous ciclosporine.
Les données concernant l’utilisation du dupilumab pendant la grossesse sont limitées, mais les premières publications ont été rassurantes. Il ne doit donc être utilisé pendant la grossesse que si le bénéfice attendu est supérieur au risque pour le fœtus.
Il n’y a pas suffisamment de données concernant l’utilisation du tralokinumab pendant la grossesse pour recommander son utilisation.
Les JAK inhibiteurs (baricitinib, abrocitinib et upadacitinib) sont contre indiqués pendant la grossesse et une période d’interruption d’environ 1 mois est recommandée avant une conception.
Traitements utilisables au cours de l’allaitement
La ciclosporine, le méthotrexate et les JAK inibiteurs sont contre-indiqués pendant l’allaitement. Les données concernant le dupilumab et le tralokinumab sont insuffisantes pour pouvoir faire une recommandation dans cette situation.
Auteur : Dr Anne-Claire Fougerousse, Dermatologue, praticien hospitalier Hôpital Bégin Saint Mandé.
Références : Richard MA et al. Journal European academy Dermatol Venereol 2018, Hamann CR et al. Journal European academy Dermatol Venereol 2018, Roth MM et al. Clinics Dermatol 2016, Balakirski G, Novak N.. J Allergy Clin Immunol. 2022, Wollenberg A et al. JEADV 2022