Du bon usage des corticoïdes locaux
Les corticoïdes locaux sont utilisés depuis longtemps dans le psoriasis et sont disponibles sous de nombreuses formes galéniques, de la lotion à la pommade. On les trouve également associés à l’acide salicylique (pouvoir décapant) et à la vitamine D (action synergique pour une plus grande efficacité et moins d’effets secondaires). Ils ciblent les deux composantes principales de la plaque psoriasique que sont l’inflammation et la prolifération des cellules de l’épiderme (kératinocytes). Il existe quatre groupes de dermocorticoïdes, selon leur niveau d’activité : activité très forte (classe 1), forte (classe 2), activité modérée (classe 3), faible (classe 4).
L’utilisation des corticoïdes locaux est sans danger si l’on respecte les règles d’utilisation :
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- La corticothérapie locale dans le psoriasis est utilisée essentiellement pour faire face à des situations d’urgence telles que départ en vacances, mariage etc… C’est donc un traitement d’attaque qui vise à obtenir un blanchiment complet ou partiel des lésions et il faudra envisager si nécessaire un traitement d’entretien ayant pour objectif de maintenir à long terme le blanchiment et d’éviter une récidive : la corticothérapie sera alors utilisée comme starter en association avec un autre traitement dont l’effet thérapeutique met plus longtemps à se manifester, ou pour améliorer la tolérance, l’efficacité et l’adaptation de la peau à d’autres traitements qui pourront être poursuivis au long cours. Chez certains patients, la corticothérapie locale prolongée est non seulement peu efficace mais semble entretenir la maladie.
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- Un arrêt trop rapide est suivi de rechute voire d’une aggravation (rebond) avec souvent apparition d’une résistance aux corticoïdes. Il faudra donc arrêter le traitement progressivement sur plusieurs semaines (par exemple tous les jours puis un jour sur deux puis deux fois par semaine).
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- Les traitements locaux en monothérapie constituent le traitement de choix pour les psoriasis dont la surface corporelle est inférieure à 10 p.cent (la paume d’une main représente environ 1 p.cent de la surface corporelle). L’utilisation sur une surface plus importante ne doit se faire que sur avis médical explicite (risque de pénétration cutanée trop importante et donc d’effets secondaires généraux).
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- Le choix du niveau d’activité du corticoïde local se fait en fonction de la localisation et de l’âge. Les zones de peau fines (visage, paupières) et les plis cutanés doivent bénéficier d’une corticothérapie locale d’activité modérée. L’âge est également important à considérer, la peau étant plus fine chez l’enfant et les personnes âgées.
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- Le choix de la forme galénique dépendra du type des lésions et de leur localisation : les lésions épaisses, chroniques, peuvent bénéficier de pommade ; bien au contraire, les lésions aigues, suintantes seront traitées par des crèmes ; les pommades ne sont pas indiquées dans les plis (effet occlusif et risque de macération).
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- La corticothérapie locale ne pose pas de problème lors de la grossesse. Par contre l’association bétaméthasone-calcipotriol (daivobet) doit être utilisée avec précaution. Il n’y a aucun risque d’excrétion du corticoïde dans le lait maternel : la prescription est donc fonction de la surface à traiter, du degré d’altération épidermique et de la durée du traitement.
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- Les corticoïdes locaux favorisent l’infection et ne doivent donc pas être appliqués sur des zones infectées.
Quels sont les effets secondaires possibles en cas d’utilisation inappropriée des dermocorticoïdes ?
Nous l’avons vu, l’arrêt brutal du traitement peut provoquer une rechute rapide voire un rebond.
Sur le plan local, l’utilisation prolongée des corticoïdes locaux peut entraîner une atrophie cutanée qui peut conduire à l’apparition de vergetures, d’une peau fragile, brillante et très fine ; il peut apparaître des troubles de la pigmentation de la peau, de la pilosité sur les zones d’application , de l’acné et une dermite péri-orale sur le visage ; il peut y avoir une perte d’efficacité du médicament (tachyphylaxie).
Sur le plan général, la corticothérapie intensive et appliquée sur de grandes surfaces peut provoquer une insuffisance surrénalienne.